Carnet de bord - Africa Eco Race 2022
Étape 1 | Nador - Bousaïd
Africa Eco Race, c’est parti !
Première journée haute en couleurs... Nous avons retrouvé aux aurores la caravane de l’Africa Eco Race tout juste débarquée du bateau, à Nador. Au fil d’une longue liaison à travers les grandes plaines marocaines, puis une portion d‘Atlas, nous avons à nouveau pu apprécier la beauté de ce pays que l’on aime tant !
Arrivés tôt sur le premier bivouac de cette course qui nous mènera jusqu’à Dakar, nous avons retrouvé nos amis motards à la tombée du soleil. Les machines sont chaudes et les esprits sereins. La plus belle des courses africaines peut désormais véritablement commencer.
Étape 2 | Bousaïd - Tagounite
Une étape comme on les aime.
Du sable de Merzouga pour commenc
er la journée et des longues étendues désertiques bordées de montagnes noires et or jusqu’à Tagounite pour poursuivre cette épopée vers Dakar. L’occasion notamment d’emmener le drone explorer les hauts de la passe de Marech…
Entre deux photos, qu’il est bon de partager ce moment exceptionnel avec nos amis marocains. C’est ici leur jardin, mais on a la chance d’être des habitués des lieux et nous avons été reçus adorablement. Hamid (Merzouga), Hassan (Ouzina), Brahim (Foum el Marech) et Tiwi (Zagora), merci pour ces moments de partage et à très bientôt !
Étape 3 | Tagounite - Assa
Dans la poursuite des grands classiques marocains, voici la seconde partition !
Mhamid, erg Chegaga, lac Iriki, Foum Zguid, Tata et enfin Assa. Un grand spectacle assuré pour lequel nous nous sommes levés bien avant le soleil afin d’être en position dans les dunes avant les premiers motards. L’idée étant aussi de profiter de la plus belle lumière de la journée…
Nous avons retrouvés là-bas l’hélicoptère média, piloté par Nicolas Zozor et accompagné d’un cameraman (Patrick), d’un médecin (Tarak) et du directeur de course, Manfred.
Étape 4 | Assa - Remz El Kebir
Toute étape de transition qui se respecte amène toujours avec elle son lot de surprises. Règle à nouveau confirmée à l’issue de cette étape 4 !
Oui, l’extrême sud marocain s’aplani de manière irrémédiable ; oui la végétation se fait bien plus rare et l’eau, inexistante au possible. Mais c’était sans compter sur l’expérience de Jean-Louis Schlesser qui nous sort de son chapeau une incroyable passe trialisante, très serrée, qui ouvre sur une immensité blanche sans pareille.
Un chott comme rarement nous avions vu : d’une luminosité éblouissante, il redéfinit la notion d’horizon à mesure qu’on le traverse. Cet infini finalement terminé, le bivouac de Remz El Kebir se présente dans un mirage. Voilà donc le dernier bivouac avant Dakhla et sa journée de repos qui s’annonce salvatrice !
Étape 5 | Remz El Kebir - Dakhla
La plus longue journée du rallye nous attend. Le réveil à 5h30 du matin, désormais familier, nous permet de prendre la route aux alentours de 6h. On entame cette journée par 250 kilomètres de bitume en ligne droite entre Es Semara et l’entrée de la spéciale, au bas de Laayoune. Comme d’habitude dans cette folle échappée vers le Sud, le soleil se lève sur notre gauche comme une boule de feu avant de s’assagir quelques minutes après. Ses premières lumières nous mènent tout droit vers ces étendues désertiques caractéristiques de la région.
Au détour de la piste, au kilomètres 244 de la spéciale pour être précis, nous croisons un petit erg posé au milieu de ce grand nul part. L’occasion, une fois n’est pas coutume, de figer depuis le ciel cette sublime création de mère Nature !
Puis c’est tambours battants que nous terminons cette spéciale avant d’enchainer avec 250 kilomètres de route, à nouveau, jusqu’à la ville de repos de Dakhla.
Un repos bien mérité pour les concurrents et les membres de l’organisation, qui travaillent d’arrache-pied sur cette épreuve pour maintenir un esprit très familial et convivial. Pari réussi sur cette première semaine… Vivement la Mauritanie !
Étape 6 | Dakhla - Chami
L’entrée en Mauritanie, c’est aussi surtout un pas de géant dans le Sahara. Paradoxalement, les paysages reprennent des couleurs, en attendant le retour du relief ! Nous nous retrouvons régulièrement sur de belles pistes sinueuses bordées d’une sorte de gazon local qui leur donne un air hors-du-commun et finalement très amical !
Qui dit nouveau pays dit aussi traversée de frontière. Cette dernière s’est déroulée à merveille dans un paysage lunaire au Sud de Guergerrat, sur une bande de terre de quelques kilomètres qui semble n’être la propriété d’aucun État. On quitte les sourires des marocains pour rencontrer ceux des mauritaniens, qui nous accueillent à bras ouverts. Que du plaisir !
Enfin, un coup de chance ultime quelques minutes plus tard… au détour d’un virage, le train du désert point son nez au loin ! À en croire les habitués, voilà une bien belle surprise de le voir par hasard. Juste le temps de courir sortir le drone pour figer du ciel ce souvenir hors du temps. Ce train est l’un des plus longs du monde et relie les mines de Zouérat au port de Nouhadibou en traversant le désert. Il est une vraie mine d’or pour les habitants dont les hameaux bordent le rail. Nous vous conseillons vivement un reportage exceptionnel de National Geographic sur ce train vraiment pas comme les autres : https://youtu.be/jEo-ykjmHgg
Étape 7 | Chami - Akjoujt
Pour cette première étape 100% mauritanienne, nous avons décidé - une fois n’est pas coutume - de nous lever aux aurores pour se placer dans les dunes de début de spéciale et ainsi profiter d’une lumière clémente.
Une fois nos clichés en poche, nous nous sommes rendus dans le cœur de Nouakchott, capitale grouillante de la Mauritanie. Une ville au parfait mi-chemin, géographique mais aussi culturel, entre le Maghreb et l’Afrique noire. Il y règne une ambiance qui pourrait s’apparenter au Maroc, avec une atmosphère sèche et des températures rapidement au-dessus de 40°. En même temps, la couleur omniprésente, les sourires jusqu’aux oreilles et les véhicules d’un autre temps (deux autres temps peut-être même) nous rappelle à nos bons souvenirs dakarois...
Une très belle journée, à nouveau !
Étape 8 | Akjoujt - Akjoujt
La Passe de Tifoujar. Voilà des années que ce nom aussi mythique que mystique trainait au fond de mes songes non-exaucés. Goulot d’étranglement unique en son genre, positionné idéalement au Sud d’Atar et à l’Ouest de Chinguetti, voilà en fait un très long canyon de sable, entre grande dune et roche noire, qui aboutit sur une grimpette trialisante de sable très mou. Un cauchemar pour les concurrents, un bonheur pour les photographes…
Arrivés avant les premiers motards dans cet endroit féerique qui coupe le souffle comme aucun autre, nous avons eu le temps de profiter, à deux, de la majestuosité des lieux. L’occasion à nouveau d’envoyer notre troisième complice, celui des airs, prendre un peu de hauteur !
Puis les résistants à cette épopée vers Dakar dont c’est déjà la huitième étape arrivent enfin dans ce canyon, qui devient alors une caisse de résonance grandeur nature. Allongés sur les motos, les pilotes tentent de se frayer le meilleur passage à travers ce sable traître mais ô combien rare et difficile à atteindre !
Pour rentrer au bivouac, nous choisissons l’option piste. 150 kilomètres que l’on n’aurait pu imaginer tant ils nous ont réservé de belles surprises. Surf sur des grandes dunes en bordure d’erg, traversée de charmants villages abandonnés, passages de guets bien remplis (il a plu ici comme il pleut une fois tous les 40 ans), contournement de lacs immenses au pied des dunes. Non seulement la Mauritanie est un pays magnifique et accueillant, mais en plus il nous a réservé un spectacle exceptionnel dont on n’oubliera jamais la splendeur !
Étape 9 | Akjoujt - Ouad Naga
Il y a des jours où l’on fait le plein d’expérience en quelques heures. Partis aux premières lumières du jour à deux véhicules, nous formons un duo avec le photographe officiel du rallye, Alain Rossignol.
Alain, au-delà d’être un ami, c’est aussi et surtout une bible de l’univers du rallye-raid. Depuis son premier Paris-Dakar en 1988 (la même année qu’Arnaud en concurrent), il n’a cessé d’être présent sur toutes les aventures tout-terrain qui existent. Passionné d’histoire et homme de culture, on ne s’ennuie jamais avec lui dans les dunes. Lecture du sable, profil des dunes, appréhension d’une trajectoire, gestion des vivres et de nos véhicules : Alain, le regard vif et toujours observateur, sera forcément de bon conseil… Alors on l’écoute attentivement tout du long.
Quelques-unes de nos photos prises entre deux échanges sur l’histoire des Paris-Dakar africains…
Étape 10 | Ouad Naga - Ouad Naga
Seconde et dernière boucle de cette aventure. L’étape de l’avant-veille a été si difficile que de nombreux concurrents n’ont repris la course qu’en cette belle matinée qui se lève sur Ouad Naga. Le spot que nous choisissons ce jour n’est pas le plus prometteur, mais un joli contre-jour, des enfants fascinés par ce spectacle et un petit saut feront notre bonheur !
Ensuite, nous sommes retournés nous balader dans Nouakchott. Cette ville est remplie de tant de surprises et de curiosités que l’on pourrait y passer des jours (de là à dire des semaines… on se calme quand même !)… On a été marqués par le marché aux dromadaires où des milliers d’entre eux sont troqués ou vendus en permanence et dans un brouhaha gigantesque ! Le Toyota Compagnie Saharienne n’a pas pu être troqué car il ne rentrait pas dans l’enclos prévu à cet effet... Mauvaise pioche pour eux car ce dromadaire a un parfum d’exception !
Étape 11 | Ouad Naga - Diama
L’Africa Eco Race touche à sa fin sportive en cette avant-dernière journée d’aventure ! Une dernière étape mauritanienne pour figer les chronos que nous décidons de rouler en intégralité afin de profiter une dernière fois de la belle trace de Jean-Louis Schlesser et Manfred Kroiss, respectivement directeur de course et directeur sportif. Aujourd’hui, un avant-goût de savane nous attendait : après un dernier petit cordon dunaire, un paysage bordé de pins parasol et peuplé de belles vaches fût notre lot pour cette belle matinée d’off-road.
Quelques kilomètres de liaison et nous voilà déjà à Diama, au Sénégal. Les adieux à ce beau pays qu’est la Mauritanie sont vite succédés par l’accueil chaleureux du peuple de la teranga. Trocs de toutes sortes, expressions uniques en leur genre, fourgons peinturlurés et sourires à la pelle : nous arrivons bien en Afrique noire. Le vent sec est aux abonnés absent et la chaleur ambiante s’humidifie dès le passage du fleuve Sénégal. Le franchissement de frontière choisi par l’organisation est celui le plus à l’Ouest du pays : une trentaine de kilomètres de piste très folklorique, cassante et en dévers, bordée de phacochères et autres oiseaux migrateurs. Décidément, après le no-man’s land Maroc-Mauritanie, les passages de frontières en Afrique sont vraiment mémorables !
Les visages au bivouac sont désormais détendus. Les familles et les proches rejoignent la caravane et les classements sont définitifs. Demain, il reste à effectuer une longue liaison nocturne puis une formalité de renom : le run du Lac Rose, à Dakar. De quoi plonger à nouveau l’ensemble des participants dans un frisson généralisé avant de boucler définitivement cet Africa Eco Race 2022.
Étape 12 | Diama - Lac Rose, Dakar
Arrivée de l’Africa Éco Race, millésime 2022. Un grand moment que l’on attendait rempli d’émotion et du bonheur d’atteindre, via le désert, la capitale sénégalaise. La réalité ne s’est pas dérobée à la prédiction !
Partis aux alentours de 4 heures du matin de la frontière sénégalaise vers Dakar, trois cent kilomètres de route sous brume épaisse sont une belle métaphore de ce qui se passe dans notre tête. Des souvenirs en pagaille, des moments de joie et de franche rigolage, quelques galères vite oubliées, des peuples accueillants et sincèrement heureux de voir leur pays mis en valeur, des paysages aussi fascinants qu’ils sont imposants. Déjà vient le sentiment de la dernière routine : dernier briefing, dernier dîner tous ensemble, dernier repli de bivouac, dernier roadbook, dernier passage des hélicoptères à quelques mètres au dessus de nous…
Rapidement, le brouhaha d’une nouvelle journée de vie nous extrait de cette brume nocturne et déjà la plage longeant le Lac Rose apparaît au loin. La brume se lève comme par magie à notre entrée dans le sable pour laisser s’échapper tambours battants les grappes de concurrents dans un vrombissement que la mer elle-même peine à couvrir. Au loin, placés pour une dernière fois à l’isolement du reste du monde, en milieu de plage, c’est l’occasion pour nous de respirer l’air du silence à une ultime occasion. Les motards déboulent quelques minutes plus tard et voir furtivement leurs yeux embués du bonheur d‘aller terminer leur rêve, que l’on a très modestement accompagné sur ces deux semaines, voilà encore un beau moment d’émotion…
Et puis, le feu d’artifice final. Le podium est niché au bord du Lac Rose comme un décor de cette scène de théâtre où tout le monde se tombe dans les bras et, pour notre part, on ouvre une bouteille de Champagne miraculée de notre frigo ! De l’admirable Yoshimasa Sugarawa, 81 printemps et 31 Dakar aux incroyables acolytes Laurent Cochet et Amaury Barantin, en passant par le tchèque Tomáš Tomeček qui remporte l’épreuve seul dans son camion Tatra, tout ce beau monde est désormais empli de fierté et repus d’aventure… jusqu’à la semaine prochaine au plus tard !
Il est l’heure pour tous de rentrer dans nos contrées. Après des au-revoirs extrêmement festifs et tardifs dans le cœur dakarois, il était temps de remercier une dernière fois l’équipe de Jean-Louis et Anthony Schlesser. Vous avez entre les mains une épreuve mythique dont vous poursuivez la ligne directrice avec passion et expérience. Elle nous a fait vibrer ici et elle a fait rêver ceux qui sont restés là-bas. Cette histoire continuera à s’écrire dans quelques mois. Rendez-vous en mars 2023 !